« Je suis une femme de terrain »

 

Anna-Maria Schärer effectue régulièrement des missions humanitaires à l’étranger en plus de son travail d’assistante médicale, de conseillère indépendante et de responsable d’un careteam. L’interview aborde l’assistance psychosociale transfrontalière, les barrières culturelles et la réaction à la souffrance.

Depuis 2026, vous êtes volontaire auprès de la Borderfree Association, une organisation suisse qui s’investit principalement pour les réfugiés. D’où est parti votre engagement ?
Lorsque le tsunami a dévasté le Sud-est asiatique en 2001, je voulais sauter dans l’avion avec une organisation d’entraide qui se rendait en Indonésie. Après l’entretien avec une psychiatre active pour le Comité international de la Croix-Rouge, je me suis ravisée. À l’époque, mes enfants étaient encore petits, et le moment n’était pas encore venu. J’ai réellement démarré en 2016 lors des grands courants migratoires de la Syrie et d’autres pays vers l’Europe.

Et comment est née votre coopération au sein de l’association ?
J’avais du mal à supporter les images de ces exodes et sentais une impuissance en moi. Je suis une femme de terrain. J’aime me retrouver et travailler avec d’autres personnes. Alors, j’ai dit à mon mari : « Si je trouve une organisation, je fonce ». De même, j’en ai informé mes employeurs. Après, tout s’est enchaîné très vite : en novembre 2015, je suis tombée sur la Borderfree Association, qui cherchait des gens pour le camp de réfugiés à Presevo, tout au sud de la Serbie. En décembre 2015, j’ai assisté au premier entretien et le mois suivant, j’étais sur place.

Comment s’est passée votre toute première intervention ?
À mon arrivée dans cet immense camp, j’ai senti du plastique brûlé et j’ai perçu de la fumée partout. C’était rude de voir les gens. Pour eux, la Serbie était une étape vers l’Europe occidentale. Je me souviens d’une scène le premier soir : on m’avait remis un gilet fluorescent et un talkie-walkie. Puis, nous nous sommes rendus, à une voie ferrée désaffectée. Lorsque des trains de marchandises passaient, nous devions former un barrage humain pour éviter que les réfugiés ne les prennent d’assaut. Tous cherchaient à partir, y compris des parents avec leurs enfants. Une panique a éclaté. Je me tenais là, et des larmes irrépressibles coulaient sur mon visage.

Quelle était votre mission à Presevo ?
J’assumais des tâches de coordination au sein du camp de réfugiés. Il y avait déjà des volontaires sur place, mais ces personnes, surmenées, tombaient fréquemment malades. J’étais la première à établir des plans d’intervention par équipes afin que les aidants puissent dormir et récupérer. L’équipe de Médecins sans Frontières a monté les tentes pour nous, et nous avons veillé à ce qu’elles soient chauffées. Nous avons cuisiné, distribué les repas et assuré les premiers secours. Avec les personnes réfugiées, nous avons mené des entretiens tout en essayant d’apporter un peu de normalité dans ces tentes. Et puis, il m’incombait aussi de recruter des volontaires tout en apportant un soutien psychosocial à l’équipe.

Quelle est la différence entre votre travail d’assistante médicale et de conseillère en Suisse et une intervention en zone de crise ?
On travaille avec des personnes qui ont tout perdu, jusqu’à leur perspective d’avenir. L’infrastructure, elle aussi, contraste énormément : ici, tout fonctionne à merveille et là-bas, on n’a pratiquement rien du tout. On doit s’organiser au pied levé et savoir improviser. Il faut aussi faire abstraction de ses propres exigences, y compris pour l’hébergement et les repas. Dans une zone de crise, on dépend beaucoup plus encore des autres membres de l’équipe. En cas de mésentente ou de divergences, il faut immédiatement clarifier la situation. J’apprécie cette forme de travail coude à coude ; la coopération et l’engagement de chaque personne comptent.

Et comment se préparer à une intervention ?
La préparation porte surtout sur l’équipement. Pour le reste, il faut être ouvert et extrêmement flexible. L’intervention en Turquie après le séisme illustre parfaitement ce travail d’improvisation et de terrain. La semaine qui avait précédé cette catastrophe naturelle, j’avais participé à un exercice d’état-major sur ce sujet précisément. À peine rentrée, il m’a fallu partir pour la Turquie. Là, on arrive dans un pays en plein chaos. Plus rien ne fonctionnait : ni l’électricité, ni les infrastructures, ni les réseaux téléphoniques. Nous nous sommes rendus à la frontière entre la Turquie et la Syrie, où les secours n’étaient pas encore arrivés.

Et que fait-on dans une telle situation ?
Les premiers jours, les magasins étaient tous fermés ; par conséquent, on n’avait accès à rien. Nous avons mis à profit ce temps pour un brainstorming, afin de nous organiser et de déterminer les priorités. Il y avait encore de nombreuses répliques sismiques. Nous nous trouvions dans un pays où même n’étions pas en sécurité.

Comment percevez-vous les barrières culturelles pendant vos interventions ?
Avant de partir, il faut s’informer sur la culture et le mode de vie de l’endroit. Je suis surtout intervenue dans des pays arabes. Pas question de porter des t-shirts à bretelles ou de se serrer la main. Pour les sujets délicats, il vaut mieux que des hommes parlent aux hommes. Les femmes, en revanche, sont plus ouvertes et apprécient le contact physique. L’enjeu est de prendre conscience des différences culturelles et de se demander si l’on veut et peut les accepter. Moi, je me sens très à l’aise dans la culture arabe.

Ces interventions ont-elles impacté votre travail en Suisse ? Ou évoluez-vous dans deux mondes complètement cloisonnés ?
Ma première intervention en Serbie a une fois de plus changé ma perception du monde. Au retour, j’ai eu beaucoup de mal à réintégrer mon quotidien en cabinet médical. C’était des dimensions tellement différentes, et les nombreux préjugés envers ces personnes m’ont beaucoup préoccupée. Dans le même temps, je ressentais une profonde reconnaissance pour ce que j’avais ici : je vis en sécurité et ne manque de rien. J’ai dû apprendre à séparer ces mondes. C’était la seule manière de continuer à fournir un bon travail. Il y a aussi de la souffrance ici en Suisse ; il ne faut pas porter de jugement de valeur.

Comment avez-vous repris pied ?
C’était un processus personnel. Selon les moments, j’arrive plus ou moins bien à intégrer les deux mondes. Mais il est essentiel que je me confronte régulièrement et activement à ce sujet et que je me demande : « Où en suis-je là ? Qu’est-ce que je ressens, et pourquoi maintenant ? » Entre-temps, j’y arrive très bien.

Anna-Maria Schärer travaille à temps partiel comme assistante médicale dans un cabinet collectif et, depuis cinq ans, elle mène son propre cabinet de conseil psychosocial et de soutien aux victimes de traumatismes. Elle est également responsable spécialiste au sein du Careteam du canton Zoug. Depuis 2016, elle effectue régulièrement des missions bénévoles pour Borderfree Association, une organisation qui se finance par des dons.

https://beratungspraxis-schaerer.ch/
https://border-free.ch/

Interculturalité et interaction avec les personnes affectées

Au quotidien comme en situation de crise, nous fournissons un suivi médical et thérapeutique à des personnes provenant de différents horizons linguistiques, socioculturels, spirituels et religieux. Souvent enrichissante, cette interaction comporte aussi des défis, et parfois des risques de malentendus et de conflits. La Dre Birgit Traichel apporte l’éclairage de la médecine palliative sur le sujet.

La prise en charge de personnes émanant d’autres contextes culturels peut engendrer des défis dans différents domaines :

  • La langue
  • Les nuances de sens, codes et tabous
  • Le style de communication : linéaire et directe (low context) par opposition à circulaire en contexte élevé (high context)
  • La distance et la proximité socialement acceptée (physique, visuelle, émotionnelle)
  • Le champ de tension entre hiérarchie et relation de confiance
  • La relation individu et communauté
  • La relation entre masculinité et féminité
  • Les stratégies de gestion des conflits
  • Le rapport à la fin de vie et à la mort, et la communication dans ces cas

Dans ce contexte, la diligence et la différenciation sont cruciales pour éviter de répliquer des a priori et des stéréotypes culturels, souvent inconscients. Dans un monde de plus en plus complexe, l’individu – nous caregivers compris – tend dans un premier temps à catégoriser et à simplifier, un réflexe d’apparence pragmatique, mais qui correspond rarement à la personne en face de lui. Même des personnes provenant d’un même pays peuvent fortement se distinguer par leur parcours, leur milieu socioéconomique et leur éducation, autant d’aspects impossibles à cerner par des conceptions culturelles « simples ». Sans oublier que les conflits entre les personnes concernées et celles qui les prennent en charge risquent d’être imputés en premier lieu (et erronément) à des considérations culturelles, même en présence de nombreux autres facteurs.

Malgré toutes ces limitations, une vaste connaissance des particularismes et des constantes culturels, alliée à la curiosité et à l’ouverture d’esprit, constitue une assise très utile lors d’une interaction avec des personnes émanant d’une autre culture. Dans les paragraphes qui suivent, j’aborderai quelques aspects choisis de l’interculturalité.

La langue
Dans de nombreuses situations, la barrière linguistique paraît dominante, du moins à première vue. Un manque de compréhension entre les personnes concernées et les caregivers peut altérer de manière démontrable la satisfaction liée à l’accompagnement. Dans un contexte médical, il peut même avoir une influence considérable sur les résultats de nombreux actes médicaux. Pour des raisons pragmatiques, les proches, notamment la génération montante, interviennent fréquemment pour les traductions. Or, cette pratique peut présenter de nombreux écueils. Par exemple, les proches soucieux de ménager la personne concernée tendent à atténuer certains propos, surtout les mauvaises nouvelles, ou tout bonnement à les passer sous silence. Inversement, un sentiment de pudeur peut amener une personne concernée à taire ou à enjoliver des sujets importants en présence de leurs proches.

C’est pourquoi il est généralement recommandé de recourir à des interprètes professionnels, du moins ponctuellement, à certains moments cruciaux comme le diagnostic d’une maladie grave ou une prise de décision complexe. Dans l’idéal, ces professionnels ont acquis une qualification supplémentaire en interprétariat communautaire et en médiation interculturelle.

Style de communication, codes et tabous
La barrière linguistique peut compliquer la relation thérapeutique au même titre que les différences de style de communication et les nuances de sens. L’anthropologie culturelle oppose deux concepts de la communication : l’une dite « à faible contexte », explicite, factuelle et ciblée, surtout pratiquée en Occident ; l’autre, l’usage conversationnel indirect, à fort contexte, qui se pratique surtout dans des cultures traditionnelles. La deuxième commence par établir un contexte social et émotionnel entre les interlocuteurs. Et ce n’est que lorsque les liens relationnels seront tissés que l’on pourra transmettre les contenus contextuels indirects.
Si la mondialisation a rapproché les deux formes de communication, le style à haut contexte reste largement répandu en Asie orientale, au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. Cette connaissance peut énormément faciliter la transmission d’informations.
À titre d’exemple : il n’est pas habituel d’aborder directement des sujets comme la fin de vie et la mort dans les cultures à haut contexte, car ils sont tabous ou perçus comme étant offensants et blessants. Toutefois, on parvient souvent à aborder assez bien les aspects correspondants sous une forme acceptable pour les personnes concernées en optant pour la voie indirecte (contextuelle) et, dans l’idéal, dans le cadre d’une relation thérapeutique valorisante. À cette fin, nous devons être prêts à gérer les allusions et les propos émis à demi-mot. Comme mentionné plus haut, les interprètes sensibilisés aux aspects interculturels et qui maîtrisent ces codes peuvent s’avérer très utiles.

Individu et communauté
La psychologie sociale considère que les conceptions antagonistes de l’individualisme et du collectivisme constituent une des dimensions de la comparaison des pays selon leur culture. Parmi les sociétés présentant une approche collectiviste particulièrement prononcée figurent différents pays d’Amérique latine, la Chine et le Moyen-Orient.
Dans nos cultures occidentales, en revanche, l’idéal qui prédomine depuis quelques décennies dépeint un individu autodéterminé qui, une fois en possession de toutes les informations, prend des décisions éclairées et pondérées sur les traitements correspondants. À bien des égards, cette forme représente un progrès considérable sur les plans sociétal et médico-éthique. Mais force est de constater chez nous que de nombreuses personnes se sentent dépassées par cette approche.

Dans de nombreuses cultures traditionnelles, une maladie grave ou un handicap peut sensiblement faire basculer les rôles. La personne concernée se voit déchargée par les proches, y compris des responsabilités et des décisions. Mais, par-là, elle perd aussi son libre arbitre. Si certains y trouvent un soulagement et du réconfort, d’autres se sentent mis « sous tutelle ».

Stratégies pour la prise en charge
Comment devons-nous gérer de telles situations lors de notre accompagnement ?
Souvent, il est déjà bien utile de reconnaître les différentes conceptions culturelles qui sous-tendent le conflit. Dans ce cadre, il est édifiant de prendre également conscience de nos propres représentations, influences du passé et conceptions et, le cas échéant, de les analyser de manière critique. Nous comprendrons d’autant mieux en nous informant des perceptions et des styles de communication usuels dans les groupes ethniques et religieux et en tirant bénéfice de la sensibilité culturelle des interprètes. Pour une communication fructueuse, la propre attitude semble déterminante : ouverture d’esprit, attention et intérêt pour l’autre personne couplés à la volonté de s’aventurer, intellectuellement, dans une terre inconnue.
Cependant, il ne faudrait pas surestimer les différences culturelles à force de sensibilité interculturelle.
En effet, le nombre de points communs dépasse généralement celui des différences. Presque toutes les cultures du monde misent sur les mêmes valeurs, car l’être humain souhaite être aimé. Faire le bien est aussi une valeur très importante. Presque tout le monde est attaché à la famille ainsi qu’à une forme de croyance ou de spiritualité. La plupart des gens apprécient l’humour : d’ailleurs, un rire franc et partagé, cette forme d’interculturalité qui crée les meilleurs liens, peut s’avérer le plus efficace pour aider à dénouer certaines situations.

Dre Birgit Traichel est médecin-cheffe en soins palliatifs à l’hôpital cantonal de Münsterlingen.

 

 

 

 

 

 

Accompagnement en cas d’incident : repères pour les cadres

Un évènement hors norme peut survenir n’importe quand. Statistiquement, presque tout le monde y est confronté une fois dans sa vie. Or, pour surmonter un vécu potentiellement traumatique, il est essentiel que les personnes affectées soient reconnues en tant que telles et obtiennent un soutien.

Un évènement hors norme place les cadres dans une situation particulière : vous vous trouvez en effet face à un double défi. D’une part, vous devez assurer votre rôle de leader en guidant vos équipes ; d’autre part, l’incident a pu vous affecter directement ou indirectement.

Principes utiles pour l’accompagnement
L’attitude adoptée face aux personnes affectées peut déterminer la manière dont elles gèrent ce qu’elles ont vécu. Les principes suivants les aident tout en vous protégeant :

  • Les réactions dans les jours et les semaines qui suivent sont normales : c’est la situation qui est hors norme ou « anormale » et non les réactions.
  • Je prête attention à ce qui peut faire du bien à ces personnes et prends l’initiative de leur poser des questions. Mes propres stratégies n’aident pas forcément les autres.
  • J’ai confiance en leur aptitude à gérer la situation.
  • J’écoute avec empathie et les laisse raconter, tout en sachant qu’il est utile de rétablir une normalité.
  • Je propose activement un soutien pour la suite.

Le contexte varie pour chaque personne
La manière dont une personne vit un tel évènement dépend toujours de son histoire personnelle. La psychologie d’urgence postule que l’individu est généralement capable de surmonter une situation menaçante et, dans l’idéal, peut même en sortir fortifié. Parfois, quelques jours y suffisent ; parfois, il faut des semaines, voire des mois. La nature, la durée et l’ampleur de l’incident influeront sur sa capacité d’adaptation au même titre que les facteurs individuels de risque et de protection.

Facteurs de risque individuels pesant sur cette capacité :

  • Expériences traumatiques antérieures
  • Violences et agressions antérieures
  • Maladies psychiques ou physiques graves par le passé
  • Instabilité émotionnelle dans l’entourage
  • Isolement social
  • Guerre, fuite du pays

Aujourd’hui, nous savons que le manque de soutien social affecte tout particulièrement la résistance psychique.

Facteurs de protection facilitant le retour à une vie normale :

  • Stabilité du filet social
  • Ouverture au processus d’adaptation
  • Évaluation de l’évènement acceptant les faits et orientée vers l’avenir
  • Sentiment de maîtriser sa vie
  • Conviction d’être auto-efficace
  • Reconnaissance par la société de ce que la personne a vécu

L’essentiel en bref

  • En tant que responsable hiérarchique, il est judicieux de développer sa propre attitude en amont. En cas d’évènement, prenez conscience qu’il vous affecte également, reconnaissez et laissez s’exprimer en temps voulu l’effet qu’il produit.
  • L’adaptation d’une personne est influencée par : sa biographie, la nature et l’ampleur de l’évènement, ainsi que l’évolution de la situation (sa résilience et son soutien social).
  • Autres éléments favorables : donner une information de qualité et des repères ; éviter d’augmenter les aspects anxiogènes et le sentiment d’impuissance.

Le bonheur se niche dans la tête : Riham Mahfouz accompagne à distance

Grâce à la technique moderne, Riham Mahfouz peut accompagner des personnes qui habitent parfois à des milliers de kilomètres. Dans l’entretien, elle parle des opportunités et des limites des consultations à distance et explique comment elle réussit à rester optimiste en dépit de la confrontation quotidienne avec la souffrance humaine.

Dre Mahfouz, vous accompagnez à distance les personnes en détresse. Qu’est-ce qui vous a mené à cette prestation ?
Je suis médecin, psychiatre et psychothérapeute. Originaire d’Égypte, où j’avais mon propre cabinet de psychothérapie, je suis arrivée en Suisse il y a treize ans avec ma famille. Depuis, j’accompagne mes clients essentiellement à distance, en particulier en passant par la plate-forme Shezlong. En outre, je participe aux projets de différentes organisations, notamment pour soutenir les professionnels qui fournissent une assistance psychosociale dans des zones en crise.

Où se trouve votre clientèle ?
Ces personnes vivent principalement au Proche-Orient, par exemple en Égypte, aux Émirats arabes, au Liban ou dans la bande de Gaza. Certaines ont émigré en Europe comme moi. Leurs culture et parcours sont généralement similaires aux miens, ce qui aide.

À quels aspects et à quelles situations sont-elles confrontées ?
Mon travail porte surtout sur des personnes souffrant d’anxiété, de dépression ou de stress post-traumatique. Beaucoup de mes clients vivant au Proche-Orient font face à une crise aiguë ou sont directement confrontés avec les conflits. Le projet « Help the helpers » s’adresse, par exemple, au personnel médical et soignant ainsi qu’aux travailleurs sociaux à Gaza. Les personnes qui me consultent en Europe sont pour la plupart des réfugiés du Proche-Orient et souffrent des traumatismes subis. Chez d’autres, le travail porte par exemple sur des conflits entre conjoints ou entre la première et la deuxième génération. La fuite du pays soude les familles, mais une fois en sécurité, elles sont confrontées aux défis supplémentaires de devoir s’adapter à la nouvelle vie. C’est souvent à ce moment que les conflits surgissent.

Comment se déroule concrètement l’accompagnement à distance ?
Généralement, nous nous rencontrons en visioconférence. Certains clients coupent la caméra pour protéger leur identité, que ce soit pour des raisons religieuses, culturelles ou de sécurité. Ce n’est pas idéal, mais je veux leur offrir un espace sûr afin qu’ils puissent exprimer leurs émotions. Ma caméra reste toujours allumée. Pour qu’une relation de confiance puisse s’établir, il est important qu’ils puissent me voir. Après plusieurs rencontres, de nombreux clients se sentent suffisamment en sécurité pour se montrer à leur tour.

Qu’est-il est vraiment possible d’atteindre par un contact uniquement auditif ?
Je me souviens d’avoir pris en charge une femme au Yémen. Cette veuve de guerre vivait dans un village excentré avec ses quatre enfants. Nous ne pouvions nous appeler qu’une fois par mois environ. Sa situation était sérieuse : elle était dépressive et souffrait de troubles obsessionnels compulsifs et d’attaques de panique. J’étais très sceptique quant à la possibilité de l’aider dans de telles circonstances. Mais le travail a effectivement porté des fruits. Nous avons fait beaucoup d’exercices simples mais efficaces de gestion de l’anxiété ou de régulation des émotions. J’ai également recouru à la thérapie psychodynamique et à la thérapie cognitivo-comportementale. Cette expérience a marqué un tournant dans ma vie : même avec les moyens les plus simples, je peux aider les personnes en détresse.

Et lorsque votre aide à distance atteint ses limites ?
Parfois, il faut davantage que des séances en ligne. Les personnes fortement atteintes peuvent développer des psychoses et, par conséquent, ne plus parvenir à distinguer la réalité de la fiction. Alors, certaines diront : « J’aimerais vous toucher pour m’assurer que vous existez vraiment ». Dans ces cas, je m’adresse à l’équipe de projet sur place afin qu’une rencontre personnelle puisse avoir lieu. De plus, je me rends en Égypte deux fois par an et peux alors proposer des entretiens personnels.

Vous avez affaire à des personnes à risque aigu et habitant dans des régions en crise. Comment gérez-vous cette insécurité ?
Je dispose de différentes techniques d’autorégulation. En outre, de nature optimiste, je suis toujours encline à voir le bien. Dans un des cas, par exemple, je n’ai pas réussi à contacter une cliente de Gaza pendant un mois. Je lui ai envoyé un message chaque jour. Puis, elle m’a recontactée. Obligée de fuir, elle n’avait pas pu donner de ses nouvelles, mais elle allait bien. En psychothérapie, il est très important d’avoir une attitude positive, entre autres, parce que c’est un modèle qui peut servir de repère aux clients.

Qu’est-ce qui vous importe tout particulièrement dans votre travail ?
D’une part, la relation avec mes clients, qui présuppose de la confiance, de l’empathie et du respect. D’autre part, je suis très attentive aux détails. En thérapie du traumatisme, il est important de laisser les personnes affectées raconter librement leur histoire, car l’information la plus importante arrive parfois tout à la fin. Les détails m’apprennent comment elles raisonnent et ce qu’elles ressentent. Ainsi, je peux reconnaître des modèles. Chaque souvenir met au jour une nouvelle couche enfouie jusque-là. Tout cela est très important pour le processus de guérison.

Pourquoi avez-vous choisi cette activité aussi exigeante ?
J’aime l’échange avec les gens et j’apprends beaucoup de mes clients. Je suis persuadée que, en fin de compte, un psychisme sain est plus important pour la qualité de vie qu’un corps sain. Si je suis en bonne santé psychique, je peux mener une vie épanouie, même avec des contraintes physiques. Le bonheur se niche dans nos têtes.


Riham Mahfouz (MD) est médecin, psychiatre et psychothérapeute. Elle vit avec sa famille près de Bâle. Après ses études de médecine en Égypte et en Grande-Bretagne, elle a suivi le MAS Peace & Conflict à l’université de Bâle. Outre son activité de psychiatre et de psychothérapeute, elle est cofondatrice de l’organisation à but non lucratif Innovate4Right et fournit une assistance spirituelle musulmane à Bâle.


 

Un foyer temporaire : interview de Lucas Maissen, directeur de la Schlupfhuus

 La gomme en forme de cactus, Lucas Maissen l’emporte toujours dans son kit d’urgence pour se rappeler que les jeunes placés sous sa protection ont dû s’armer d’épines pour s’en sortir. Dans cette interview, le directeur de la Schlupfhuus, une maison d’accueil pour jeunes à Zurich, nous parlera de la pédagogie du traumatisme, de l’arrivée et de la poursuite du chemin.

La maison Schlupfhuus offre un soutien et un lieu sûr aux jeunes en situation de crise. Quelles sont les raisons les plus fréquentes de leur venue ?
Toutes ces personnes ont en commun leur désemparement dans leur situation pesante. La plupart ont subi différentes formes de violence, psychique, physique ou sexuelle. Autre fait typique : la relation conflictuelle entre les parents et les enfants, par exemple, en raison d’un contrôle très étroit ou de la divergence des projets de vie. Nombre de ces parents connaissent eux-mêmes des problèmes, voire des maladies psychiques. Les addictions, la précarité financière ou un contexte migratoire diffus peuvent aussi influencer la situation. Généralement, les jeunes qui se réfugient chez nous sont confrontés à plusieurs aspects en même temps.

On entend régulièrement qu’il n’existe pas assez d’offres de soutien pour les jeunes en crise. Et chez vous ?
Le problème s’est effectivement aggravé. Chaque année, entre 150 et 180 jeunes ne trouvent pas de place d’accueil. Si les jeunes sont plus indépendants et mieux informés de nos jours, notamment grâce au travail social à l’école, leur état psychique s’est dégradé. Sans compter l’effet de notre situation actuelle, qui cumule différentes crises, et la pression croissante à l’école. Nous ne demanderions pas mieux que de proposer davantage de places et cherchons, depuis cinq ans déjà, une deuxième maison appropriée à Zurich. Maintenant, nous entrevoyons enfin une possibilité.

Quelle est la première réaction lorsqu’une jeune personne vous contacte par WhatsApp ou par mail, ou qu’elle frappe à votre porte ?
Lors du premier contact, nous essayons de cerner son vécu et sa détresse. Pourquoi ne veut-elle plus être avec sa famille alors qu’elle devrait s’y sentir protégée ? Ensuite, nous évaluons si la séparation du foyer familial est vraiment pertinente ou si une consultation ambulatoire suffirait. Ce matin même, quatre jeunes se sont présentés. La décision est épineuse : qui a le plus urgemment besoin de la place, qui peut encore demeurer dans son entourage moyennant un soutien ?

Informez-vous les parents ?
Oui, c’est obligatoire. Si la personne craint des actes de violence, nous pouvons convenir d’un statut confidentiel après avoir consulté la police. Dans ce cas, les parents apprendront uniquement qu’elle se trouve dans une infrastructure sociale.

Combien retournent à la maison par la suite ?
Environ la moitié rentrent de nouveau dans leur famille ; pour certains, avec un encadrement comme un coach pour les jeunes ou un accompagnement sociopédagogique de la famille. Récemment, nous avons commencé à proposer un coaching de crise en ambulatoire jusqu’à ce qu’une solution prenne.

Votre maison d’accueil distingue trois phases : « arriver », « avancer », « poursuivre son chemin ».
Nous parlons sciemment d’arriver et de poursuivre son chemin plutôt que de recourir aux notions d’admission et de sortie comme dans la plupart des foyers. Au début, la méfiance des jeunes est souvent grande ; ils éprouvent un fort besoin de contrôler la situation, et beaucoup souffrent de troubles somatiques comme la nausée ou les céphalées. Notre objectif premier est de leur permettre d’atterrir émotionnellement dans la nouvelle situation et les nouvelles relations tout en les stabilisant sur le plan psychosocial. La deuxième phase, avancer, vise une meilleure compréhension de sa situation et aussi de l’impact de tels vécus sur une personne. Ensemble, nous essayons de transformer les stratégies maladaptatives de régulation émotionnelle en stratégies adaptatives. De même, il faut s’interroger sur la suite. La troisième phase commence lorsque les personnes connaissent leur prochaine étape. Une rétrospective sur leur phase d’arrivée pourra leur fournir des pistes utiles pour la nouvelle transition.

Vous procédez selon des approches et des méthodes de la pédagogie du traumatisme. Que faut-il imaginer ?
Une personne exposée à un traumatisme chronique présente des comportements qu’elle a certes dû développer pour pouvoir gérer la situation, mais qui la desservent à terme. La violence domestique se caractérise par son imprévisibilité, le mépris, l’incapacité d’agir et la désespérance. Notre contrepoids est la transparence, la participation et la valorisation. Ainsi, les personnes font l’expérience d’un environnement social complémentaire. La régulation émotionnelle et la gestion du stress jouent des rôles importants. L’enjeu n’est pas de travailler sur leur biographie, mais de comprendre son impact sur le moment présent, de le supporter ensemble et de trouver de nouvelles stratégies pour y faire face. Dans ce sens, la pédagogie du traumatisme est une approche contextuelle, et la psychologie part de la personnalité.

Les jeunes qui viennent chez vous sont-ils tous traumatisés ?
Certains arrivent dans une phase de traumatisme aigu et n’ont pas encore développé de séquelles. Cependant, beaucoup sont traumatisés et au moins 40 pour cent remplissent les critères d’un trouble de stress posttraumatique complexe. En comparaison avec d’autres centres d’accueil ou d’observation pour jeunes, nous constatons une fréquence hautement significative de troubles somatiques, de pensées suicidaires et de symptômes anxio-dépressifs.

Votre équipe est constamment confrontée à des sujets difficiles et des crises. Comment éviter l’épuisement ?
Les histoires des jeunes sont très dures. De plus, la pression émanant des parents est considérable, et les comportements des jeunes continuent d’être de réels défis. Le quotidien est imprédictible et empreint d’émotions très vives, de crises personnelles et de situations qui escaladent régulièrement. Pour éviter que le sentiment d’impuissance et de désemparement ne gagne l’équipe, nous devons bien encadrer nos professionnels sur le plan émotionnel. Les entretiens spécialisés, menés à intervalles réguliers, leur permettent de réfléchir avec leur hiérarchie à leur vécu émotionnel dans le cadre de leur travail. Cette réflexion a également lieu au niveau de l’équipe. Viennent s’ajouter les formations continues, le travail sur l’attitude et les régulières analyses interactionnelles avec notre psychothérapeute. Sans oublier de vivre de nombreux moments de joie et de légèreté au sein de l’équipe et avec les jeunes gens. Le travail n’en demeure pas moins prenant sur le plan émotionnel.

Vous intervenez également comme psychologue d’urgence pour Carelink. Qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ?
Les personnes qui arrivent chez nous se trouvent dans un contexte de crise aiguë, et les approches de la pédagogie du traumatisme ne couvrent pas tout. C’est pourquoi j’ai suivi la formation de psychologue d’urgence FSP. C’est là que je suis entré en contact avec Carelink. Je suis ravi de pouvoir transmettre de cette manière des connaissances tirées de mon quotidien.

Une dernière question : que souhaitez-vous aux jeunes d’aujourd’hui ?
Bien des choses. Mais ce que je leur souhaiterais le plus, c’est qu’ils trouvent dans cette société et dans ce monde un endroit où ils puissent mettre en valeur leurs forces et leurs qualités. À cette fin, nous avons besoin d’une société – des personnes, un système scolaire, des parents – qui leur laisse l’espace nécessaire. Et il faut des jeunes curieux qui abordent ce monde dans un esprit d’ouverture.


Lucas Maissen est le directeur de la Schlupfhuus à Zurich depuis 2013. Chaque année, la maison d’accueil offre une prise en charge résidentielle à environ 70 à 90 jeunes et totalise quelque 400 contacts ambulatoires. Il a étudié la pédagogie curative clinique et l’éducation spécialisée ainsi que la psychologie. La Schlupfhuus lui permet de combiner ces deux professions de manière optimale. Chargé de cours dans différentes hautes écoles spécialisées et universités, Lucas Maissen préside l’Association suisse de pédagogie du traumatisme. Depuis 2020, il œuvre comme psychologue d’urgence et responsable d’équipe pour la fondation Carelink et co-dirige le cours sur les enfants avec Petra Strickner.
www.schlupfhuus.ch


 

Grands élans de solidarité après les intempéries au Tessin : entretien avec la caregiver Eva Ghanfili

Lorsque les intempéries ont frappé le Val Mesolcina (Misox), puis le Val Maggia, Eva Ghanfili a été mobilisée pour le Care Team Ticino. Dans cette interview, elle partage ses impressions sur place tout en expliquant ce qui la motive pour cette exigeante tâche.

Mme Ghanfili, quelle était la situation lorsque vous êtes arrivée sur les deux lieux du drame ?
Le hasard a voulu que j’étais de permanence lorsque les intempéries ont dévasté le Val Misox. Le lendemain, nous étions sur place à deux. Les actions de sauvetage et les recherches battaient leur plein. Quatre personnes étaient encore portées disparues. Notre mission consistait surtout à aider deux jeunes gens qui ne parvenaient pas à joindre leurs parents. Dans le Val Maggia, plusieurs endroits étaient coupés du monde, et il a fallu évacuer les gens par hélicoptère. Avec le careteam, nous les attendions à l’héliport pour apporter notre assistance.

De quoi les personnes affectées avaient-elles le plus urgemment besoin ?
Il fallait en premier lieu être là pour les proches des personnes portées disparues afin de les aider à supporter l’incertitude. Ils posaient de nombreuses questions auxquelles nous n’avions pas de réponse. En effet, nous avons un principe fondamental : nous ne transmettons que des informations confirmées et parlons uniquement au présent, même si nous devons nous attendre au pire. Par ailleurs, il fallait aussi s’occuper de choses pratiques : trouver des vêtements et un endroit où passer la nuit, informer les écoles ou les employeurs. De nombreuses personnes ont raconté où elles se trouvaient au moment des intempéries. Plusieurs jeunes du Val Maggia, par exemple, assistaient à une fête et ont perdu le contact avec leur famille. Une personne du Val Misox m’a raconté qu’en jetant un coup d’œil par la fenêtre, elle avait constaté que la maison du voisin avait tout bonnement disparu.

Les besoins des personnes ont-ils changé au fil du temps ?
Certaines voulaient récupérer des objets à valeur sentimentale dans les maisons sinistrées. Dans ces cas, nous faisons de notre mieux pour qu’elles puissent les obtenir. Lorsqu’un décès est communiqué, il faut surtout être là pour les proches. Lors de nos interventions, nous les accompagnons également pour identifier les victimes. Une personne qui perd des biens matériels ou son foyer a aussi besoin de soutien pratique. Où trouver des vêtements ? Où habiter provisoirement ? Doit-elle se chercher un logement ?

Qu’est-ce qui était particulier à ces deux interventions ?
C’était la première fois que j’intervenais après des intempéries d’une telle intensité. Sur le plan émotionnel, c’était difficile. Mais, l’expérience arrivant, j’ai appris à gérer la situation. Comme je vis au Tessin depuis 42 ans, les intempéries des vallées de Misox et de Maggia m’ont fortement affectée. Leurs habitants ont l’habitude d’essuyer des intempéries de temps à autre, mais jamais ils n’ont connu de telles conditions. La profonde solidarité du Tessin m’a impressionnée. Beaucoup ont immédiatement fait d’importants dons, et de nombreuses associations ont organisé des évènements pour collecter des fonds.

Que faites-vous pour renforcer votre résilience ?
Pendant de nombreuses années, j’ai travaillé comme infirmière aux soins intensifs, où l’on voit beaucoup de choses tristes. Je me dis : ce n’est pas mon histoire, à chacun son destin. Je le compare à un livre dans lequel je surviens brièvement en tant que caregiver. Comment puis-je être utile dans le cas concret ? Les personnes ont-elles à boire, à manger ? Sont-elles dans un lieu sûr, au chaud ? Il est essentiel aussi que je m’écoute. Est-ce que je peux encore continuer ou est-ce que je demande une relève ? Quand je rentre à la maison, j’essaie de laisser derrière moi ce que j’ai vécu. Généralement, je commence par prendre une douche. D’autres aidants auront peut-être besoin qu’on les prenne dans les bras, d’être seuls ou d’aller courir. D’autres encore préfèrent s’entourer de monde. Pendant la formation, on découvre ce qui nous aide.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler dans l’assistance psychosociale ?
Dans ma vie professionnelle et privée, il y a eu de nombreux coups du destin. Et je me suis demandé comment gérer ces situations, comment aider. Comme il n’existait pas encore de careteam cantonal au Tessin, j’ai suivi une formation en débriefing. En 2006, mon chemin a croisé celui de Carelink où j’ai fait la formation de caregiver.


Eva Ghanfili a d’abord suivi une formation d’infirmière à Winterthour. Au Tessin, où elle vit depuis 42 ans, elle a complété son bagage en se formant aux soins intensifs. Elle a exercé sa profession jusqu’à la fin janvier 2022 et a aussi assumé le rôle de coordinatrice locale des dons d’organes. En 2006, elle a rejoint le careteam de Carelink, puis le Care Team Ticino en 2014.


 

Ne pas oublier les silencieux : la psychologue d’urgence Alice Stucky-Schwitter est intervenue pour Carelink après une catastrophe naturelle

Frappée de plein fouet par des intempéries, une commune du Bas-Valais a récemment sollicité le soutien de Carelink. Dans son interview, la psychologue d’urgence Alice Stucky-Schwitter relate comment les gens affrontent une menace imminente, renouent avec la vie quotidienne, et elle souligne le rôle des autorités. Frappée de plein fouet par des intempéries, une commune du Bas-Valais a récemment sollicité le soutien de Carelink. Dans son interview, la psychologue d’urgence Alice Stucky-Schwitter relate comment les gens affrontent une menace imminente, renouent avec la vie quotidienne, et elle souligne le rôle des autorités.

Début juillet, vous êtes intervenue pour nous en tant que psychologue d’urgence. Qu’est-ce qui est arrivé ?
Fin juin et début juillet, deux grosses intempéries ont frappé le Valais. Des laves torrentielles ont notamment surpris des communes du Bas-Valais. Certains endroits étaient coupés du monde et d’autres étaient directement menacés.

Quelle était la situation à votre arrivée ?
Lorsque je suis arrivée dans l’une des communes touchées, environ une semaine après les faits, il n’y avait plus de menaces directes, et la plupart des habitants étaient retournés chez eux. Heureusement, il n’y a pas eu de pertes humaines ou animales à déplorer ; mais un camping et une ferme sont perdus à jamais. Des professionnels tout comme des particuliers étaient occupés à déblayer et à sécuriser le secteur ; beaucoup travaillaient dans les champs parce que la météo le permettait enfin. Un lotissement résidentiel où vivent surtout de jeunes couples et des familles était toujours fermé pour des raisons de sécurité.

Comment se portaient les personnes affectées ?
Les premiers secours apportés par les services de protection civile, la police et les pompiers étaient très bien organisés, et les gens avaient bénéficié d’une grande solidarité et s’entraidaient. C’est précieux, et pas seulement pendant la situation de détresse, car les effets perdurent un certain temps. Même si le danger était écarté, on sentait encore la peur ambiante. Et maintenant ? Et qu’est-ce qui se passera aux prochaines intempéries ? Pour les personnes qui ont pu retourner rapidement chez elles, c’était plus simple, car elles pouvaient entreprendre quelque chose et aussi faire le deuil de leurs pertes. Par contre, l’attente est beaucoup plus difficile, car elle entraîne un sentiment d’impuissance. Dans ces cas, la psychologie d’urgence recommande toujours de reprendre sa vie quotidienne et de se recentrer sur ses tâches afin de pouvoir surmonter l’évènement hors norme beaucoup plus rapidement.

Que pouvaient faire les familles qui ne savaient pas si elles pourraient revenir un jour ?
Pour elles, les petites activités et les gestes du quotidien sont très importants. Entreprendre quelque chose avec les enfants, faire des courses, cuisiner. Ces activités aident à éviter de penser constamment à la situation et d’en parler tout le temps. Une question fréquemment posée par les jeunes mères était : comment parler aux enfants ? Que dois-je leur dire ? Il est également important de détendre régulièrement la situation.

Quelles sont les réactions psychologiques à un tel évènement ?
En situation aiguë, l’être humain se met en situation d’alerte. Pour assurer notre survie, la peur déclenche de puissantes réactions de stress. Alors, nous nous battons, fuyons ou restons tétanisés. Une fois la menace immédiate passée, ces réactions peuvent persister sous la forme d’agitation intérieure, d’insomnie, de troubles de la concentration ou de flashbacks. Ils peuvent même survenir plusieurs jours après les faits. Généralement, ces réactions de stress s’estompent, car l’être humain est fait pour survivre.

Face aux changements climatiques, les intempéries pourraient se multiplier dans certaines régions suisses. Que ressentent les personnes qui doivent vivre avec un danger latent pour leur région ?
Le sentiment de protection et de sécurité est très important. La commune et le canton doivent rétablir la sécurité autant que possible par des mesures de construction et des dispositifs de protection et en informer la population. Les habitants peuvent aussi se préparer, par exemple, en prévoyant un refuge en cas de besoin. Cela dit, certains individus résistent mieux que d’autres. Le fait qu’une personne reste dans la région ou songe à déménager dépend aussi de son attachement à l’endroit.

Avez-vous acquis de nouveaux enseignements lors de votre intervention en Valais ?
Plutôt une confirmation qu’un nouvel enseignement : il ne faut pas oublier les « silencieux », ces personnes qui vivent à une certaine distance de l’évènement. En d’autres termes : il faut les intégrer et rester en contact avec elles, les faire bénéficier de la solidarité et leur fournir des informations. Beaucoup d’entre elles n’ont pas besoin de soutien et s’inscrivent dans un solide environnement social. Mais certaines s’isolent face à la détresse et se figent dans leur vécu. Or, c’est en échangeant que l’on fait évoluer sa situation. Nous devrions spécifiquement nous tourner vers ces personnes particulièrement discrètes.


Alice Stucky-Schwitter a grandi dans le Haut-Valais et vit à Bettmeralp. Comme elle est mariée à un guide de montagne depuis 40 ans, la gestion des dangers fait partie de son quotidien. Pendant plus de 40 années, elle a travaillé comme psychologue, en dernier lieu au service ambulatoire du centre psychiatrique du Haut-Valais. Depuis 2006, elle est psychologue d’urgence certifiée chez Carelink.


 

La résilience tout au long de la vie Myriam Thoma et la gestion d’événements traumatiques

Les personnes résilientes parviennent à surmonter l’adversité et même de terribles coups du destin sans que leur psychisme ne soit affecté par de profondes séquelles. Cette résilience dépend de déterminants comme l’estime de soi, le rapport à son statut socio-économique et l’âge. Il est essentiel de travailler sur ces vécus traumatisants, juste après dans l’idéal ; mais il n’est jamais trop tard.

Photos : Paul Senn, FFV, Kunstmuseum Bern, Dep. GKS, Bern

Les scientifiques de l’Université de Zurich ont analysé les déterminants d’une résilience plus élevée chez des personnes qui avaient fait l’objet de mesures de coercition à des fins d’assistance et de placements extrafamiliaux, entre autres, celles placées de force pendant leur enfance. Les résultats mettent en avant des aspects comme une meilleure estime de soi, une tendance moins prononcée à éprouver des émotions négatives, un meilleur rapport au statut socio-économique et un revenu plus élevé. L’âge constitue également un facteur important. Probablement servis par leur plus grande expérience de vie, les aînés semblent mieux à même de s’adapter et de gérer les défis que les générations plus jeunes.

Il est possible de vieillir en bonne santé malgré des circonstances adverses
La résilience dépend aussi du travail effectué sur les expériences traumatisantes. En effet, les personnes affectées évitent de s’enliser dans le passé ou l’amertume en réfléchissant à leur destin et en travaillant sur les émotions ressenties ainsi que les comportements et les schémas acquis.

Une étude montre aussi qu’il est possible de vieillir en bonne santé malgré des circonstances adverses. Pour y parvenir, une certaine légèreté, l’engagement social, les efforts en faveur d’une relation harmonieuse et le développement personnel sont importants. L’enjeu n’est pas d’enjoliver son vécu, mais de trouver des moments de joie et de la reconnaissance dans l’instant présent.

Les traumatismes de l’enfance persistent
Pour certaines personnes, cette étude était la première opportunité de parler de leurs destins. Certaines avaient toujours été retenues par un sentiment de honte, d’autres trouvaient trop pesant de s’ouvrir à quelqu’un. Bien sûr, il vaut mieux chercher de l’aide (professionnelle) un stade précoce, mais il n’est jamais trop tard pour intervenir. Les expériences traumatiques refoulées et les émotions négatives exercent non seulement une influence néfaste sur le corps et la santé psychique, mais aussi sur la vie sociale, l’éducation, la profession et la situation financière.

Déstigmatiser les troubles psychiques
Sachant que les traumatismes de l’enfance persistent à l’âge adulte, il faut sensibiliser au sujet et déstigmatiser les troubles psychiques. Autre élément essentiel : la reconnaissance sociale de la souffrance infligée à certains groupes sociaux en Suisse pendant le XXe siècle.


Dre Myriam Thoma, privat-docent, est maître-assistante à l’Institut de psychologie de l’Université de Zurich. Avec le professeur Andreas Maercker, elle dirige le groupe de recherche « Résilience » au sein du pôle de recherche universitaire « Dynamique du vieillissement en bonne santé ». Ses travaux portent principalement sur la psychopathologie, le stress, les traumatismes et la résilience tout au long de la vie.

Informations complémentaires sur Myriam Thoma


Liens complémentaires :

Article de l’Université de Zurich sur les enfants placés de force

Contribution au magazine spécialisé Clinical Psychology & Psychotherapy  

Höltge, J., McGee, S. L., Maercker, A., & Thoma, M. V. (2018). Childhood adversities and thriving skills: Sample case of older Swiss former indentured child laborers. The American Journal of Geriatric Psychiatry, 26(8), 886-895.

 

 

Ces traumatismes transmis sur plusieurs générations

Le 23 mai, l’Académie Paulus à Zurich a accueilli une table ronde sur « la longue ombre du traumatisme ». La Dre Rahel Bachem, chercheuse et psychothérapeute à l’Université de Zurich, et la collaboratrice de Carelink, la Dre Mareike Augsburger, psychologue d’urgence et spécialiste en traumatismes, ont fait entrevoir devant un public intéressé et actif l’univers complexe du traumatisme transgénérationnel.

Photo : Académie Paulus, Zurich

Les spécialistes entrent de plain-pied dans le sujet par une précision terminologique : que signifie
« traumatisme » sur le plan technique ? En fait, il serait plus correct de parler d’un « évènement potentiellement traumatisant » pour décrire une confrontation avec un évènement pesant comme un accident, une blessure, un acte de violence ou une catastrophe naturelle. Dans les jours et les semaines qui suivent, ces faits sont fréquemment suivis de fortes réactions chez les personnes affectées. Ces réactions sont considérées comme le contrecoup tout à fait normal à un incident hors norme. Généralement, elles s’estompent au bout de quelques semaines.

On parlera de séquelles traumatiques lorsque les conséquences sont durables et que les personnes affectées en ressentent encore de vifs effets sur leur santé, comme c’est le cas des syndromes de stress post-traumatiques (SSPT), couramment appelés traumatismes. Dans nos contrées relativement privilégiées, de telles séquelles ne touchent qu’une infime partie des personnes exposées, même si les évènements traumatiques impriment des traces profondes et durables sur le psychisme. Très résilientes pour la plupart, ces personnes parviennent bien à terme à intégrer cette épreuve dans leur vie.

Les traumatismes peuvent se transmettre à la génération suivante
Les traumatismes transgénérationnels et intergénérationnels se répercutent non seulement sur le psychisme des personnes directement affectées par un évènement, mais aussi sur leur descendance. Ce processus de transmission impacte le bien-être émotionnel, psychique et parfois même physique des prochaines générations.

Les panélistes ont discuté de différents mécanismes de transmission :

  • Attachement affectif, style d’éducation, modèle de comportement : les stratégies d’adaptation inefficaces peuvent inconsciemment se transmettre à la progéniture. Il s’agira souvent de formes caractéristiques d’attachement défavorable, d’une gestion dysfonctionnelle de conflits et de problèmes relationnels.
  • Dérèglement émotionnel : lors de vécus traumatiques non résolus, les personnes concernées éprouvent parfois du mal à tempérer les émotions puissantes comme la colère, l’irritation ou la peur.
  • Appréciation et perception fondamentale du monde : la confiance des personnes traumatisées est souvent ébranlée, un fait qui se traduit souvent par des conceptions négatives comme « on ne peut faire confiance à personne » ou « le monde est un endroit dangereux ».
  • Épigénétique : cette discipline étudie l’influence de l’environnement sur l’expression génétique. Des études montrent qu’un vécu traumatique peut provoquer des modifications épigénétiques et les transmettre à la prochaine génération.

Les personnes concernées par un traumatisme transgénérationnel assistent souvent aux comportements défavorables, aux présupposés, aux réactions à l’adversité ; elles apprennent alors à développer des schémas similaires. Parmi les conséquences, on compte une altération dans la réaction au stress, des problèmes relationnels et une plus grande vulnérabilité face aux maladies psychiques. Certains enfants peuvent même développer des symptômes de SSPT, même lorsqu’ils n’ont pas vécu l’évènement traumatisant, mais qu’ils ressentent les séquelles qu’il a laissées chez leurs parents ou grands-parents.

On trouve des exemples typiques chez les descendants de survivants de l’holocauste, de réfugiés de guerre et de personnes ayant survécu à un crime violent. Ces évènements traumatiques laissent des traces tellement profondes que les effets et l’influence perdurent sur plusieurs générations.

Le soutien psychologique peut aussi aider les descendants
Après la discussion, les spécialistes ont présenté des thérapies et la prise en charge en Suisse et à l’étranger. Si les procédés psychothérapeutiques centrés sur le traumatisme déploient leurs effets chez les personnes souffrant spécifiquement de symptômes de SSPT, d’autres méthodes éprouvées s’avèrent utiles pour appréhender et mieux gérer des expériences transgénérationnelles.

La discussion du panel a mis en lumière de manière impressionnante la diversité et l’étendue du sujet. L’important travail de recherche doit se poursuivre au même titre que les efforts pour améliorer l’accès à l’aide dans le monde entier. La table ronde a aussi souligné l’importance d’une prise en charge précoce des personnes affectées, à savoir dès la phase aiguë, comme le fait justement Carelink. Sa démarche permet de diminuer les risques de troubles post-traumatiques et de prévenir des atteintes durables de la santé.

Boussole en période tourmentée

Dans les situations pesantes, on a besoin de solides personnes de référence. La fondation pour enfants AETAS parle aussi de « phares » et de « marins ». Ces images permettent de mieux comprendre, contextualiser et agir. Elles n’aident pas seulement les enfants.

Dans le travail avec de jeunes personnes affectées, vous dites qu’on peut surmonter les tempêtes traumatiques de la vie en restant en bonne santé. Quels sont les facteurs déterminants ?

Simon Finkeldei : Aujourd’hui, nous savons que l’évènement à lui seul ne détermine pas si la personne parviendra à le surmonter. Sa situation en aval et, en particulier, celle en amont sont tout aussi décisives. Des facteurs objectifs et subjectifs intervenant pendant l’incident feront la différence. Par d’exemple : le drame résulte-t-il d’un acte délibéré d’un proche ou est-il le fruit du hasard? Parmi les autres aspects pertinents figurent les réactions des personnes de référence, ce qu’elles pensent de l’évènement et comment elles en parlent. La résistance d’une telle référence constitue un autre facteur critique pour gérer une situation éprouvante.

Votre travail de « phare » est souvent cité : que faut-il imaginer ?

Tita Kern : Dans notre langage figuratif, les enfants sont de petits marins qui, normalement, sillonnent les sept mers en quête d’aventures et de découvertes. Mais, en cas de gros grain, il leur faut des phares. Ces repères symbolisent les personnes de référence qui offrent lien et repère, qui signalent aux petits marins en détresse qu’il y a de l’espoir. Il peut s’agir de parents, de marraines, d’enseignantes ou d’autres professionnels. En entreprise, ce seraient les cadres et les RH. Les grands phares sont les personnes de référence déjà familières. C’est avec elles que nous travaillons très étroitement lors d’interventions de crise. Lors d’un fait terrible, la dépendance des enfants les place plus fortement encore dans une situation particulière.

Leur marge de manœuvre est limitée en phase aiguë et aussi dans la gestion de la suite. Ils se tournent vers leurs phares pour savoir si l’évènement est dangereux. Ce que des personnes de référence font ou non, ce dont elles parlent ou non pèsera pour les enfants. Si nous parvenons à consolider au mieux ces personnes afin qu’elles se sentent en sécurité dans ce contexte extrêmement houleux pour elles aussi, elles peuvent devenir des feux de navigation salvateurs.

À quel moment le travail de « phare » compte-t-il le plus ?

Finkeldei : Il commence par une préparation efficace qui, en cas d’urgence, permet d’intervenir à tout moment. Les préparatifs englobent des formations continues pour les phares. Pendant l’évènement, nous tâchons de limiter l’exposition. En effet, dans nos têtes, le sentiment de sécurité ne dépend pas des tirs ou d’une trêve dehors, mais du moment où on se sent de nouveau en sécurité. La phase qui suit est également cruciale: comment un enfant peut-il se rendre compte qu’un terrible évènement est terminé si on n’arrête pas d’en parler dans les médias, à la maison et à l’école? Chaque phase de l’assistance – la préparation, la mobilisation et l’accompagnement – compte pour stabiliser les personnes affectées.

Vous utilisez différentes métaphores dans votre projet « changement de cap ». Pouvez-vous nous expliquer pourquoi elles peuvent particulièrement aider les enfants ?

Kern : Nous travaillons beaucoup avec des images comme le petit marin, le phare, la barque, la boussole, la lampe de poche, l’extincteur. Elles constituent le fil rouge de notre boîte à outils. Pourquoi? Parce que l’être humain est doté d’un esprit narratif. D’une part, ces images donnent aux enfants un ancrage pour leur identification ; d’autre part, elles leur permettent de prendre un peu de distance. C’est très utile à un moment où l’esprit est en alerte permanente. La distance permet de mieux écouter et réfléchir. Nos images fournissent aussi un langage commun aux familles. Un sujet que l’on ne pouvait peut-être pas aborder avant devient « abordable ». C’est un pas essentiel pour sortir du désarroi.

Comment vous, les intervenants, arrivez-vous à gérer ces lourdes situations ?

Finkeldei : Là, je repense à la magnifique citation de Tita : « Une situation pesante appelle l’activité physique, et les émotions ont besoin d’air. » J’arrive le mieux à réduire le stress en bougeant et par une alimentation saine. L’image de l’algue aide aussi.

L’image de l’algue ?

Kern: Les algues sont fascinantes. Leurs profondes racines leur donnent une incroyable stabilité tout en leur laissant la plus grande flexibilité. En d’autres termes: il ne faut pas se braquer contre ce qu’on ne peut pas changer, mais se laisser porter par le mouvement. Nous nous disons : « Oui, ces choses arrivent. Nous nous laissons porter par la houle comme une algue et filtrons ce qui en vaut la peine. »

Nous vivons beaucoup de moments magnifiques, touchants, précieux, impressionnants où nous constatons que les familles réussissent à reprendre pied. Et qu’elles ont de superbes idées pour s’en sortir. Il faut filtrer et garder ces moments tout en lâchant prise sur les autres : « C’est la vie, je me lance et j’apporte ma contribution.» Là aussi, nous sommes dans la métaphore de l’algue.

Finkeldei : L’algue, toujours ancrée quelque part, est stable. Parfois, c’est la perspective d’une soirée tranquille, penser à une personne bien-aimée ou la spiritualité.

Kern : On ne peut pas laisser son propre bien-être au hasard ; il faut y œuvrer quotidiennement.

Ce qui m’aide, c’est la profonde conviction qu’il existe en chaque être humain une partie à l’abri de la noirceur et qui peut mener à la guérison. Nous pouvons entrer en contact avec cette partie pour y cultiver beaucoup de choses qui soulageront la douleur et pourront rétablir ou maintenir la santé.

 

Tita Kern est psychotraumatologue (M.Sc.), thérapeute familiale systémique (DGSF) et traumato-thérapeute. Depuis 2013, elle assume la direction technique de la fondation AETAS. Conférencière, Tita Kern enseigne et écrit principalement sur la psychologie d’urgence et la thérapie des traumatismes.

Simon Finkeldei est diplômé en psychologie, psychothérapeute psychologique (VT), thérapeute enseignant et superviseur. Directeur psychothérapeutique d’AETAS, il enseigne aussi l’intervention de crise / la psychologie d’urgence, la prévention du suicide et la thérapie des traumatismes.

 

 

Fondation pour enfants AETAS
L’intervention de crise auprès des enfants, proposée par la fondation AETAS à Munich, encadre les enfants, les jeunes, leurs proches et les professionnels après des évènements traumatiques. Il peut s’agir notamment de la mort soudaine et traumatisante d’un proche, d’un suicide, d’une tentative de suicide ou d’un accident tragique dont on est témoin.

Informations : www.aetas-kinderstiftung.de

Interview : Petra Strickner